Chloé Garcia

L’architecture a occupé 10 ans de ma vie. Ces années ont permis de développer ma créativité, mais il serait dommage de réduire l’architecture au dessin. C’est une discipline au plus proche des utilisateurs, qui construit des lieux de vie sur mesure.

Le dialogue et la compréhension des utilisateurs

La première tache d’un architecte est de comprendre et de s’approprier le programme s’il y en a eu un d’établi, ce qui concerne surtout les marchés publics. Pour s’approprier le cahier des charges, l’architecte va organiser des réunions avec le client, les utilisateurs et les différents acteurs du projet. Plus le projet est important, plus le nombre d’intervenants augmente. L’architecte dialogue ainsi avec des ingénieurs, contrôleurs techniques, élus, services techniques, représentants du personnel,...

Si le programme n’a pas été établi, ce qui arrive fréquemment dans le cas des marchés privés, l’architecte aide le client à définir ses besoins, en prenant en compte son budget, ses habitudes, les éventuelles contraintes techniques ou topologiques. Le dialogue est souvent affectif et personnel. Un particulier engage souvent les économies d’une vie pour concrétiser son projet et obtenir un bâtiment en adéquation avec ses objectifs ou besoins familiaux. Le rôle de l’architecte est de conseiller le client, ce qui veut parfois dire l’aider à définir ses priorités, mais aussi de le dissuader pour certains choix qui ne seraient pas en adéquation avec le projet.

Note: Les programmes des projets publics sont souvent longs à lire et ils prennent rééllement l’apparence d’un cahier, pouvant faire facilement 50 pages. Lors d’un concours, le temps pour réaliser l’esquisse du projet étant très courte, un membre de l’agence est souvent mobilisé pour décortiquer le projet et l’expliquer aux autres!

Le rôle de l’UX designer est donc très proche du métier d’architecte: identifier les besoins du client, le conseiller pour établir son programme, lui proposer des alternatives en fonction de son budget ou de contraintes techniques,... L’architecte et l’UX designer sont amenés à dialoguer avec toutes sortes de personnes, néophytes ou professionnelles, ce qui nécessite à chaque fois d’adapter le dialogue afin d’avoir un rapport constructif.

Tout au long du projet, l’architecte s’entretient avec le client afin de valider la progression. En marché public, l’avancement du projet est très réglementé et découpé en phases. A chaque phase, l’architecte doit remettre certains documents au client: estimation du coût du projet, plans nécessaires à l’appel d’offres des entreprises, descriptifs des travaux,... En marché privé, les étapes ne sont pas réglementées mais sont souvent largement inspirées du public.

Ces étapes permettent de faire la synthèse des informations et de faire le point avec les acteurs du projet, en particulier avec le client. Le client valide l’avancement, et les objectifs de la prochaine étape sont définis.

Cette méthode de travail est aussi valable en UI/UX design. Elle permet des allers-retours réguliers avec le client. Outre le fait de le tenir au courant, cela permet aussi de rectifier la ligne de tir ou de s’adapter aux évolutions du client.

Certains chantier ont aussi la particularité d’être en “site occupé”, ce qui signifie qu’il y a du public dans la zone du projet. C’est assez fréquent, ces projets concernent les reconstructions, extensions, réhabilitation de tout type de bâtiments (maisons, logements collectifs, lycées, universités, hôpitaux, logements,...). Outre un phasage des travaux plus délicat, il faut souvent aussi rassurer les occupants sur le déroulement des travaux, les impacts en terme de nuisances sonores, circulation,... Les dialogues avec les utilisateurs sont plus fréquents, ils sont souvent très intéressés par le déroulement du projet et du chantier étant donné que cela se passe sous leur nez et qu’ils sont habitués à voir l’équipe de maîtrise d’oeuvre et les entreprises circuler dans le bâtiment.

Note: lors d'un projet de rénovation thermique de maisons en bandes, j’ai été chargée avec une collègue de vérifier l’état et de relever les modifications des 50 maisons. Autant dire que nous y avons passé des journées entières et que nous connaissions tous les habitants du lotissement! Lors de la mise aux normes d'une maison de retraite, nous discutions souvent avec les résidents, qui étaient ravis de nous poser des questions et de rompre la monotonie du quotidien. Nous avons aussi beaucoup dialoguer avec la directrice de l’établissement et le CCAS (qui était gestionnaire) afin de préparer les travaux, qui étaient très invasifs.

La création, l'organisation de l'espace

Une fois le cahier des charges bien en tête, l’architecte crée le projet. Pour cela, il va définir les lieux les plus utilisés, imaginer le parcours d’un utilisateur dans le bâtiment, créer des associations entre les espaces en tenant compte des usages mais aussi des contraintes techniques. C’est pourquoi on regroupe souvent les pièces humides (cuisine, salle de bain,...) afin de regrouper les gaines techniques, mais aussi les pièces calmes type chambres ou bureau pour les éloigner de l’agitation des pièces de vie comme le salon.

Cette approche est similaire au travail réalisé en design d’interface. La seule différence est qu’au lieu d’imaginer l’utilisateur réaliser des taches dans un bâtiment, on l’aide à atteindre ses objectifs le plus efficacement sur une interface web.

Une fois le projet créé, surtout en concours, il faut le rendre le plus attrayant possible et réaliser des vues 3D afin d’aider le client à se projeter dans le bâtiment. La réalisation de planches de concours et de books pour les agences où j’ai travaillé m’ont donné de bonnes bases en graphisme.

Note: la mairie de Saint Priest souhaitait des vues 3D très poussées du groupe scolaire pour le rendu de la phase PRO (celle qui précède la consultation des entreprises, donc le projet était déjà à un stade avancé). Ce n’est pas systématique et nous évitons en général les vues réalistes tôt dans l’avancée du projet, car cela entraîne les discussions sur la couleur du papier peint plutôt que de savoir si la cuisine est bien placée. Ce phénomène se retrouve en web design, et c’est pourquoi je préfère avec des maquettes en noir et blanc ou en tons neutres pour valider les fonctionnalités avant de passer à l’esthétisme.

Ces années en architecture m’ont donc permis à me préparer à ce métier d’UI/UX designer. Ils ont aussi en commun tous les deux de devoir se tenir au courant des nouvelles pratiques et sont en constant renouvellement, ce qui est passionnant!

Si vous voulez en savoir plus sur mes travaux en architecture, vous pouvez télécharger un extrait de mon book ci-dessous.

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